Le Manifeste

Court et intense. Nous aimons ainsi comparer les grandes nouvelles à des morceaux de rock, de soul, aux grands classiques qui sont personnels à chacun, qui nous accompagnent depuis le début, nous font vibrer l’espace de quelques minutes et réussissent en ce bref instant à s’ancrer au plus profond de nos tripes. Le texte, à l’instar du morceau, doit nous traverser comme un projectile, passer si vite et ne laisser derrière lui qu’un sentiment confus. Nous réaliserons bien plus tard l’impact de quelques mots sur une vie entière. Nous y reviendrons encore et encore.

Ceci n’est qu’une comparaison mais nous n’avons, pour être honnête, jamais trouvé de définition satisfaisante à la nouvelle. On parle d’un texte court, disons relativement court, et c’est bien la seule chose sur laquelle on puisse s’entendre. On nous dit que le récit conduit à la chute, que la chute doit être inattendue, que la surprise est finalité. Conneries par excellence. La nouvelle est reine car elle n’a pas à obéir à ce genre de règles. Elle peut se permettre le moindre caprice. Elle le doit même, pour servir le roman qui la suivra peut-être ou simplement pour réinventer son art parmi les plus anciens. Elle peut nous cogner, nous abasourdir, nous ennuyer, nous exaspérer. Elle peut n’être que le coup d’un soir, passable ou bien inoubliable. Elle crée la révélation du temps, de son absurdité autant que de sa grâce, et ne nous doit à ce titre que le rythme et l’effet.